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Dans la littérature polonaise d’entre-deux-guerres relative à l’Afrique, il n’existe pas beaucoup de récits écrits par des Polonais qui travaillaient sur ce continent. Les souvenirs de Witold Grzesiewicz et ses photographies méritent d’autant plus notre attention que le caractère męme de son travail à l’intérieur du Congo lui permettait de faire des observations diverses; et il savait observer. En plus, il photographiait.
Dans les années 1929-1938 Witold Grzesiewicz travaillait dans le nord de l’actuelle République du Congo ; c’était une colonie française (Moyen-Congo) faisant alors partie de la France équatoriale. Il était l’unique Polonais, pendant cette période, à qui la Compagnie Française du Haut et du Bas Congo ait confié le poste de directeur d’une factorerie – une unité commerciale et industrielle qui exploitait des plantations, s’occupait de l’achat des matières premières, de leur transformation ainsi que du commerce en détail. Sa mission principale, en tant que dirigeant de la factorerie, consistait à réunir la plus grande quantité possible de matières premières et de produits destinés à l’exportation vers l’Europe. Cela supposait une grande organisation et des contacts fréquents avec les employés et la population locale dans des endroits où il était souvent le seul Européen. Ces contacts et la cohabitation avec la population étaient facilités par sa connaissance de la langue bangala, parlée aux alentours du fleuve de Congo ainsi que par son attitude franche et les efforts qu’il faisait pour comprendre autrui. Il voyageait beaucoup dans toute la région ainsi que dans le Congo Belge voisin. Il rencontrait souvent des chefs de différents rangs dans la hiérarchie traditionnelle ; il arrivait à pied, en pirogue ou en chaise à porteurs dans les villages lointains situés au fond des foręts tropicales. Il décrit tout cela dans ses souvenirs - parfois avec un souci de détails, d’une manière presque palpable.
Il était un chasseur passionné. Il avoue dans ses mémoires que ce fait a influencé sa décision de travailler au Congo où, dans ces temps-là, il y avait encore beaucoup d’animaux sauvages. Dans ses souvenirs de chasse, il parle non seulement des animaux et de ses propres péripéties mais encore des gens – des chasseurs, des pisteurs et des habitants des villages locaux – qui l’accompagnaient pendant les chasses et de qui dépendaient leurs résultats et sa propre sécurité.
Depuis les années trente du siècle dernier, beaucoup de choses ont changé dans la perception de l’Afrique, de ses habitants et de leurs coutumes. Cela fait déjà presque un demi-siècle que la plupart de ces pays, dont les colonies françaises, sont devenus indépendants. La terminologie se rapportant à l’époque coloniale a également changé, surtout en ce qui concerne l’ancien Congo Belge. Par souci de garder intacte l’image de la période décrite par Witold Grzesiewicz, nous avons conservé la terminologie de l’époque et les appellations qu’il avait employées. C’est ainsi que quand l’auteur parle du Congo français, cela concerne probablement un territoire beaucoup plus grand que l’actuelle République du Congo ayant Brazzaville pour capitale.
L’image du Congo, telle que reproduite dans les souvenirs de Witold Grzesiewicz, ne constitue qu’une part de cette réalité coloniale complexe des années trente, mais elle permet néanmoins de mieux la comprendre.
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